Actualités financières

Alors que le gouvernement est sous la menace d'une potentielle motion de censure la semaine prochaine à l'Assemblée sur le budget de la Sécu, les sénateurs continuent leurs travaux sur le projet de loi de finances.

Les sénateurs ont notamment validé une taxe exceptionnelle sur les grandes entreprises de fret maritime, qui devrait en réalité ne toucher que le principal armateur CMA CGM (propriétaire de La Tribune ), pour un rendement attendu de « 500 millions en 2025 », et « 300 millions d'euros en 2026 », selon Laurent Saint-Martin.

Taxe sur les grandes entreprises et les GAFAM

Les sénateurs ont aussi approuvé une surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, espérant ainsi renflouer les caisses de l'État de 8 milliards d'euros en 2025, puis 4 milliards en 2026. Ciblée sur les quelque 450 entreprises réalisant plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires en France, cette taxe prendra la forme d'une majoration de l'impôt sur les sociétés, dont le taux sera réduit de moitié en 2026, avant de disparaître. Contre l'avis du gouvernement, ils ont en outre alourdi une taxe sur les GAFAM, grandes entreprises du numérique (de 3% à 5%). Et ont adopté un amendement pour que l'Etat ouvre 2% du capital d'EDF à de l'actionnariat salarié.

Face au dérapage du déficit public (au-dessus de 6% du PIB cette année), ces trois décisions sont « un mal nécessaire », pour le ministre macroniste du Budget Laurent Saint-Martin, alors que la mesure va à rebours de la politique de l'offre mise en place depuis 2017. « Nous continuerons d'être aux côtés des entreprises, surtout dans ce contexte de guerre commerciale », a de son côté affirmé jeudi le Premier ministre Michel Barnier au Figaro .

Divisions autour du Crédit d'impôt recherche

En dépit d'une discussion nourrie, les sénateurs ont aussi approuvé un article reportant de trois ans la suppression de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Les parlementaires de la chambre haute ont aussi longuement débattu du Crédit d'impôt recherche (CIR), auquel sont très attachés les industriels, mais que certains estiment dévoyé, et que le gouvernement entend recentrer pour faire des économies.

Le rapporteur du budget au Sénat Jean-François Husson (LR), a salué un « instrument important », mais proposé de revoir son assiette, d'exclure certains frais de son périmètre, et d'opérer une hausse de fiscalité sur des revenus des brevets. Le tout pour un rendement espéré autour de 400 millions d'euros. Mais des amendements du gouvernement et des oppositions ont atténué le sien. « Il ne reste pas grand chose », a-t-il estimé auprès de l'AFP, après la série de votes, insistant sur la nécessité de faire des économies et de rendre l'outil plus « juste ».

Le ministre de l'Economie Antoine Armand a, lui, alerté sur le risque de trop grever un dispositif qui joue sur « l'attractivité de la France », dans le domaine de la recherche. Contre l'avis du rapporteur et du gouvernement, un amendement de sénateurs centristes est venu réduire le champ du CIR pour des entreprises qui ne disposent pas d'unité de production en France ou dans l'UE.

Lutte contre la fraude fiscale

Les sénateurs ont également prorogé pour une durée de trois ans le crédit d'impôt innovation, réduisant toutefois son taux de 30 % à 20 % à partir de 2025. Contre l'avis du gouvernement, la chambre haute a adopté des amendements de centristes et de la gauche visant à aider à lutter contre la fraude fiscale, en facilitant par exemple les pénalités contre des conseils qui aideraient à monter des schémas de fraude.

Ou en sollicitant un accord préalable de l'administration fiscale pour des transactions transfrontalières entre filiales de multinationales. L'examen de cette partie « recettes » au Sénat se poursuivra ce vendredi et devrait durer jusqu'à dimanche, avec près d'un millier d'amendements au programme.