[Article publié le vendredi 29 novembre à 9h21, mis à jour à 9h53]
L'activité économique française a connu une croissance de 0,4% au troisième trimestre, a confirmé vendredi l'Insee dans ses résultats détaillés, tandis que la progression du pouvoir d'achat des ménages a accéléré. C'est donc mieux que les 0,3% et les 0,2% des deux premiers exercices. Surtout, cela dépasse les attentes des économistes interrogés par Reuters qui tablaient sur une hausse de 0,3%.
Le PIB du troisième trimestre a été « stimulé par les Jeux olympiques et paralympiques », rappelle l'Institut national de la Statistique. La contribution de la demande intérieure hors stocks, quant à elle, est positive au troisième trimestre, alimentant à hauteur de 0,3 point la hausse du PIB, le commerce extérieur contribue négativement de 0,1 point et les variations de stocks positivement de 0,1 point.
A l'inverse, le besoin de financement des administrations publiques (APU) « se dégrade », observe l'Insee, ce qui semble en ligne avec une prévision de déficit public de 6,1% du PIB sur l'ensemble de l'année. Au troisième trimestre, il s'établit à 6,3% du PIB, après 5,7% au deuxième. Les dépenses publiques continuent d'augmenter (+5 milliards d'euros, soit +1,2%), tirées à la hausse par les prestations sociales (+1,3 milliard) et les dépenses de fonctionnement (+1,5 milliard). Les recettes sont pénalisées par le recul des impôts sur le revenu et le patrimoine (-2 milliards), conclut l'Insee.
Le pouvoir d'achat des Français a augmenté
Donnée importante : le pouvoir d'achat des ménages, calculé par unité de consommation, progresse de 0,7% après +0,4% au deuxième trimestre. Pour comparer les niveaux de vie des ménages, le revenu est ainsi divisé par le nombre d'unités de consommation (UC) calculées ainsi : 1 UC pour le premier adulte du ménage, 0,5 UC pour les autres personnes âgées de 14 ans ou plus, 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans.
Le taux d'épargne des ménages augmente pour le quatrième trimestre consécutif, leur consommation croissant moins que leur pouvoir d'achat : il s'établit à 18,2%, après 17,9% au deuxième trimestre 2024, et se situe près de 3 points au-dessus de sa moyenne d'avant-Covid.
Un contre-coup au troisième trimestre
Quant au trimestre à venir, l'Insee s'attend à une croissance nulle. Allant dans ce sens : la consommation des ménages a été 0,4% plus basse en octobre qu'en septembre, a indiqué l'institut, ce vendredi. Un repli qui s'explique principalement par la nette diminution des achats de biens fabriqués (-1,3%), comme les dépenses en habillement (-5,1%), mais aussi par le recul de la consommation d'énergie (-1,2%). Sur un an, la consommation des ménages en biens est toutefois en hausse de 0,4% en octobre. Mais les dépenses alimentaires sont en diminution de 0,6% en octobre 2024 comparé à octobre 2023. A noter que la consommation des ménages avait déjà ralenti en septembre par rapport en août, passant de +0,4% en août à +0,1% en septembre.
De son côté, la Banque de France reste, elle, optimiste : l'activité devrait enregistrer une « progression légèrement positive » entre octobre et décembre, mais cette hausse serait contrebalancée par le « contrecoup » induit par la fin des JO. Un contrecoup « estimé à -0,2 point de PIB », a précisé l'institution dans son enquête mensuelle de conjoncture, sans chiffrer le niveau de croissance attendu au quatrième trimestre.
Selon l'enquête de conjoncture de la Banque de France menée auprès d'environ 8.500 entreprises interrogées entre le 29 octobre et le 6 novembre, l'activité a progressé en octobre dans l'industrie, soutenue par l'aéronautique et l'agro-alimentaire. En revanche, le secteur automobile a continué de souffrir et les carnets de commandes industriels sont toujours jugés « dégarnis », sauf dans l'aéronautique. Dans les services marchands, l'activité a tourné au ralenti tandis que dans le bâtiment, le gros œuvre a bénéficié de la reprise de chantiers qui avaient été décalés par les JO.
Pour l'ensemble de 2024, la Banque de France anticipe une croissance de 1,1%, comme le gouvernement et l'Institut national de la statistique (Insee). Quand Haut conseil des finances publiques (HCFP) a d'ailleurs jugée « optimiste » la prévision de croissance donnée par l'exécutif, estimant qu'elle ne prend pas assez en compte les répercussions néfastes du resserrement budgétaire.