Mails, SMS, affichage publicitaire... Impossible d'y échapper. Ce vendredi 29 novembre se déroule la nouvelle édition du « Black Friday », grand-messe commerciale importée des Etats-Unis il y a une quinzaine d'années. Preuve que la date figure désormais à l'agenda des ménages tricolores, « 80% des Français envisagent de participer » , relève l'étude annuelle Black Friday du cabinet de conseil PwC.
Cet automne, il y a toutefois un bémol : le budget des consommateurs s'annonce en recul. Selon PwC, le panier s'établit à 233 euros, en baisse de 10% par rapport à 2023 (259 euros). L'enveloppe devrait principalement servir à l'achat de prêt-à-porter, d'appareils électroniques et de vêtements pour enfant. Signe que les familles anticipent les fêtes de fin d'année, « 37% des achats de Noël seront effectués lors du Black Friday » , prédit l'étude.
Pour effectuer leurs emplettes, les Français privilégient le digital (achats sur Internet) dans plus de 6 cas sur 10, mais apprécient aussi - spécificité tricolore -, de se déplacer en magasin. Avec une boussole : repérer les plus belles ristournes. Mais comment être sûr de bénéficier de promotions intéressantes ? Et surtout, éviter de se faire arnaquer ?
Se méfier des offres alléchantes...
« Sur les milliers d'offres passées au crible en 2023, nous avons constaté que les réductions sont, par exemple, de l'ordre de 1% sur l'électroménager et de 4% sur les produits high-techs » , alerte Grégory Caret, directeur de l'Observatoire de la consommation à l'UFC-Que choisir. Il faut donc être particulièrement vigilant sur les promotions très alléchantes. En particulier, au-delà de 20% de réduction, prévient l'expert. Car, contrairement aux périodes de soldes, la vente à perte est interdite aux commerçants pendant le Black Friday.
Autre point crucial à vérifier : la nature de la promotion. S'agit-il d'un véritable rabais ou d'une simple comparaison de prix avec un concurrent ? Dans le cas d'un rabais, « le prix antérieur pratiqué par le professionnel avant l'application de la réduction de prix » doit être clairement mentionné, stipule le Code de la consommation ( Article L112-1-1 ). Ce « prix antérieur » doit correspondre « au prix le plus bas pratiqué (...) au cours des trente derniers jours précédant l'application de la réduction » , détaille la législation.
... et notamment sur les réseaux sociaux
Mais attention, ces obligations légales ne s'appliquent pas lorsque la « promotion » n'est finalement qu'une simple comparaison entre le prix proposé et celui affiché chez un concurrent. Dans ce cas, l'habillage de l'offre promotionnelle est libre, même s'il ne doit pas reposer sur des « allégations, indications ou présentations fausses » qui pourraient s'apparenter à une pratique commerciale trompeuse (Code la consommation, art. L121-2 ). Une règle décrite comme « chaotique pour le consommateur » par Grégory Caret, qui résulte de la transposition d'une directive européenne (Omnibus) en mai 2022.
« En cette période de Black Friday, il faut faire très attention aux offres sur Internet, et notamment sur les réseaux sociaux , reprend l'expert de l'UFC-Que choisir. On y trouve parfois des copies de véritables sites où les escrocs récupèrent les coordonnées bancaires de leurs victimes. »
À ce sujet, la répression des fraudes (DGCCRF) met en garde : « Les sites de vente sur Internet doivent faire apparaître les mentions suivantes : mentions légales, identité du vendeur, raison sociale, coordonnées du médiateur de la consommation en cas de litige... ».
Décrypter le made in France
Quid du made in France (MIF) ? Acheter français pendant le Black Friday protège-t-il des arnaques ? « Le principal écueil pour les consommateurs est ce qu'on appelle le "franco-lavage" » , prévient Charles Huet . À savoir, la « tricolorisation abusive de certaines marques sur leurs produits » , précise le cofondateur de La carte française - une carte cadeau multi enseignes dédiée au made in France. Vigilance donc à la lecture de formules un peu rapides comme « maison française », « tradition française » ou encore « french touch ».
Pour « qu'un produit puisse être made in France au sens de la réglementation (mention douanière facultative pour les fabricants, NDLR), il faut qu'il soit entièrement obtenu en France - tous les composants sont issus de France et toutes les étapes de fabrication ont lieu en France -, ou (...) il faut qu'il ait subi en France sa dernière "transformation substantielle" » , détaille la Direction générale des entreprises (DGE), un service de Bercy.
Par exemple, pour les voitures ou les vélos, 45% de la valeur ajoutée doit être réalisée dans l'Hexagone. Pour se prémunir des arnaques, Charles Huet conseille de bien vérifier la mention écrite sur les produits.
Les expressions « made in France », « fabriqué en France », « assemblé en France » ou encore « confectionné en France » sont synonymes. La présence d'un label est une source supplémentaire de garantie. Outre l'Indication géographique protégée (IGP) très plébiscitée dans la vente alimentaire, l'un des labels les plus connus est « Origine France Garantie ». Il est délivré par une association, fondée par l'ancien ministre (UDI) Yves Jégo.
Reste une dernière solution pour consommer sereinement... Participer jusqu'au 2 décembre à l'opération commerciale « Les jours tricolores » portée par 250 marques françaises . « C'est une réponse collective au Black Friday invitant à relocaliser ses achats de Noël » , souligne Charles Huet. Une initiative intéressante mais qui pèse peu face aux géants du e-commerce, à l'instar du mastodonte américain Amazon.